Les baleines de Bitcoin ont commencé à vendre massivement, tandis que 390 millions de dollars de positions longues à effet de levier restent en danger et que les rendements des obligations britanniques à 20 ans atteignent des sommets, mettant à l’épreuve le fragile support de la crypto avant la publication du rapport crucial sur l’emploi aux États‑Unis.
Les mouvements de capitaux montrent un affaiblissement de la confiance des acteurs majeurs dans le niveau de support de 108 000 $ de Bitcoin. En effet, un grand détenteur, qui conservait sa position depuis plus de cinq ans, a commencé à réorienter ses avoirs vers l’Ethereum (ETH) le 21 août, en vendant pour 4 milliards de dollars de Bitcoin via la plateforme décentralisée Hyperliquid. Selon Nicolai Sondergaard, analyste chez Nansen, cette « rotation » signale que les altcoins profitent d’une accumulation institutionnelle croissante.
Pression sur le support et risques de liquidation
Les dérivés de Bitcoin indiquent une hausse du risque de liquidation : selon CoinGlass, 390 millions de dollars de positions longues à effet de levier pourraient être liquidées si le cours chute sous les 107 000 $. Parallèlement, l’indice de déséquilibre (skew) de Deribit montre que les options put (vente) se négocient avec une prime de 7 % supérieure à celle des calls (achat), un niveau typique des marchés baissiers et supérieur au seuil neutre de 6 % depuis une semaine. Cela reflète le manque de confiance des baleines et des market makers dans la capacité du support à 108 000 $ à se tenir.
Le premium annualisé des contrats à terme mensuels sur Bitcoin reste à 7 %, bien dans la fourchette neutre de 5 % à 10 % et inchangé par rapport à la semaine précédente. Ce paramètre avait déjà indiqué une dynamique haussière le 24 août, après le rallye à 117 000 $ déclenché par le discours de Jerome Powell, président de la Réserve fédérale, qui avait ravivé l’espoir d’une politique monétaire moins restrictive.
Les flux nets sortants des fonds américains de Bitcoin au comptant ont totalisé 127 millions de dollars vendredi, signe supplémentaire de malaise parmi les investisseurs. La question demeure : la récente correction résulte-t-elle d’une aversion générale au risque ou de facteurs spécifiques à la cryptomonnaie ?
Le prix de l’or a progressé de 2,1 % depuis vendredi, accentuant le contraste avec Bitcoin, qui a perdu 12,5 % depuis son sommet historique du 14 août. Cette divergence alimente les interrogations des traders quant à l’appétit pour le risque dans un contexte de volatilité accrue.
Par ailleurs, les rendements des obligations souveraines britanniques à 20 ans ont atteint leur plus haut niveau depuis 1998. Cette hausse reflète une demande accrue de rendements plus élevés pour compenser les anticipations d’inflation plus forte ou de dépréciation de la livre sterling, augmentant ainsi le coût de financement des dettes futures et pouvant exercer une pression supplémentaire sur les finances publiques européennes.
À court terme, l’évolution de Bitcoin reste fortement tributaire des données du marché du travail américain prévues ce vendredi. Un accroissement du taux de chômage pourrait favoriser les actifs à risque en poussant la Fed à accélérer les baisses de taux d’intérêt, offrant ainsi un potentiel rebond à la cryptomonnaie.
