Le marché des cryptomonnaies continue d’afficher une grande diversité de valorisations. Au moment de la rédaction, les principaux actifs affichent les cours suivants :
- BTC : 112 052 $
- ETH : 4 288,71 $
- XRP : 2,98 $
- BNB : 877,93 $
- SOL : 215,40 $
- USDC : 0,999809 $
- STETH : 4 284,00 $
- DOGE : 0,23858 $
- A : 0,862874 $
- TRX : 0,331085 $
- WSTETH : 5 200,22 $
- … (et plus d’une centaine d’autres paires, dont BNB, USDT, LDO, etc.)
Parallèlement à ces fluctuations de prix, les sociétés de trésorerie d’actifs numériques (DAT) voient leurs indicateurs de santé financière, notamment le mNAV (market‑to‑net asset value), se détériorer. Le mNAV compare la capitalisation boursière d’une société à la valeur nette de ses actifs cryptographiques. Un mNAV inférieur à 1 indique que le marché valorise l’entreprise en dessous de la valeur de ses réserves.
Pression sur les mNAV des sociétés de trésorerie d’actifs numériques
Les données de Strategic ETH Reserve montrent que des acteurs clés comme BitMine et SharpLink Gaming ont vu leur mNAV chuter respectivement à 0,99 et 0,89, franchissant le seuil critique de 1. D’autres, telles que BitDigital et GameSquare Holdings, restent au-dessus de 1 mais affichent une tendance à la baisse. En comparaison, BTBT se situe à 1,51 et GAME à 1,13.
Cette dégradation du mNAV suit la correction du marché crypto, où le prix du Bitcoin est passé d’un sommet historique de 124 545,6 $ à mi‑août à environ 112 154 $, selon CoinGecko. Pour les DAT détenant d’importantes réserves d’Ethereum – BitMine possède 8,3 milliards de dollars d’ETH, SharpLink 3,7 milliards – la perte de prime pourrait limiter leur capacité à lever des fonds sans diluer excessivement les actionnaires existants.
« C’est pourquoi les levées de capitaux ont ralenti après une période très active plus tôt cette année : les investisseurs ne veulent plus payer de prime pour la même exposition à l’ETH », explique Arthur Azizov, fondateur et investisseur chez B2 Ventures, à Decrypt.
Le mNAV constitue le pilier des programmes d’émission d’actions « at‑the‑market » (ATM) des DAT. Une prime élevée permet d’émettre des actions sans pénaliser les actionnaires. Lorsque le mNAV diminue, les sociétés doivent émettre davantage d’actions pour obtenir le même montant de capitaux, entraînant une dilution douloureuse, selon l’analyste CryptoQuant Maarten Regterschot.
En plus de la volatilité d’Ethereum, la pression des émissions ATM ininterrompues contribue à la baisse des valorisations. Azizov souligne que les ETF spot Ethereum offrent désormais aux investisseurs une exposition directe sans la prime que les DAT pouvaient exiger auparavant.
« Les investisseurs ne sont plus prêts à payer plus cher pour le même Ethereum », précise‑t‑il, ce qui explique le gel récent des levées de fonds.
Regterschot ajoute que la stagnation du ratio ETH/BTC alimente également la chute du mNAV, créant un cercle vicieux où la perte de prime et l’augmentation de l’offre d’actions freinent la demande.
Les perspectives pour le quatrième trimestre sont donc critiques. Un rebond d’Ethereum pourrait restaurer les mNAV, permettre aux DAT d’émettre des actions dans des conditions favorables et renforcer leurs réserves d’ETH, relançant ainsi la croissance. À l’inverse, si l’Ethereum reste stagnant ou que le marché crypto bascule à la baisse sous l’effet de facteurs macroéconomiques, les mNAV risquent de descendre sous 1, bloquant toute nouvelle émission.
« Un trimestre solide est essentiel », conclut Azizov. En l’absence de résultats positifs, les DAT pourraient devoir compter davantage sur les rendements du staking, tandis que les flux nets de capitaux se tariront dans un environnement de financement de plus en plus contraint.
