L’opinion de Daniil et David Liberman, créateurs de Gonka, souligne que le proof‑of‑work (PoW) de Bitcoin a été le moteur d’une véritable révolution matérielle, passant des cartes graphiques (GPU) aux ASIC capables d’être jusqu’à 100 000 fois plus efficaces. Cette même dynamique compétitive pourrait, selon eux, transformer les réseaux d’intelligence artificielle (IA).
Il y a quinze ans, le minage de Bitcoin s’appuyait sur les mêmes cartes graphiques que les joueurs. Le réseau était lent, le hashrate limité, mais le protocole PoW récompensait les mineurs capables de traiter les blocs avec la plus grande efficacité. Cette incitation a déclenché une course à l’innovation qui, aujourd’hui, se matérialise par des machines ASIC dont l’efficacité dépasse de plusieurs ordres de grandeur les meilleures cartes Nvidia, avec un facteur d’amélioration de 100 000, et non pas de 10 %.
En seulement quinze ans, l’infrastructure de minage de Bitcoin a atteint une capacité de plus de 16 gigawatts, suffisante pour alimenter 10 millions de GPU Blackwell de Nvidia – un volume qui surpasse largement la puissance combinée d’OpenAI, Microsoft Azure, Amazon Web Services, Google Cloud et xAI.
Pourquoi l’IA a besoin d’une approche similaire
Actuellement, les applications d’IA fonctionnent sur des puces génériques et coûteuses, simplement parce que ce sont les seules disponibles. Les auteurs imaginent un modèle inspiré de Bitcoin où tout le monde pourrait contribuer en puissance de calcul et être rémunéré selon l’efficacité de l’exécution des tâches d’IA utiles. Dans ce scénario, il ne serait plus nécessaire d’avoir des équipes de vente capables de pousser des puces grâce à leur influence C‑suite ; chacun pourrait produire, installer et commencer à « émissionner de l’argent ».
Les fabricants de matériel seraient alors incités à concevoir les processeurs d’IA les moins chers et les plus performants, reproduisant les forces du marché qui ont transformé le minage de Bitcoin, mais avec un facteur de dix fois plus de puissance grâce aux investisseurs milliardaires issus de la révolution Bitcoin.
- Les récompenses seraient attribuées aux mineurs qui offrent la plus grande efficacité de calcul, et non à ceux qui détiennent le plus de tokens.
- Les projets basés sur le proof‑of‑stake (PoS) — où les gains vont aux détenteurs de tokens — sont critiqués pour décourager l’investissement matériel réel.
- Exemple concret : Bittensor concentre la majeure partie de sa capacité de calcul dans le sous‑réseau 64, dédié aux grands modèles d’IA, mais les mineurs ne reçoivent que 5 % des récompenses, les 95 % restants allant aux stakers ou à des mineurs peu actifs.
Selon les auteurs, le PoW ne se limite pas à la cryptomonnaie ; il s’agit d’utiliser la concurrence pour stimuler l’innovation matérielle plutôt que de se contenter de l’infrastructure existante. En dix ans, la communauté blockchain pourrait créer une infrastructure capable de produire des milliers de fois plus de puissance de calcul que le marché centralisé actuel.
Pour le secteur de l’IA, cela signifierait la différence entre des coûts de calcul élevés et une intelligence disponible à un prix comparable à l’électricité, avec la perspective que, d’ici quelques années, l’exécution de modèles d’IA coûtera presque rien.
Le moment est comparable à celui de 2009 pour Bitcoin : les réseaux d’IA basés sur le PoW sont à leurs débuts, et les premiers participants disposeront des meilleures opportunités. Les auteurs invitent donc à suivre les projets d’IA PoW, à contribuer en puissance de calcul — propre ou louée sur le marché — et à commencer à miner, car ceux qui construiront l’infrastructure dès maintenant en tireront les plus grands bénéfices.
